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Littérature

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Description

Stendhal (Henry Beyle, dit) (1783-1842)

Rome, Naples et Florence (1817-1826)

Pesaro, 24 mai 1817

Ici les gens ne passent pas leur vie à juger leur bonheur. Mi piace ou non mi piace, est la grande manière de décider de tout. La vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent. Je crains bien de trouver toujours en France un fond de froid dans toutes les sociétés. J’éprouve un charme, dans ce pays-ci, dont je ne puis me rendre compte: c’est comme de l’amour; et cependant je ne suis amoureux de personne. L’ombre des beaux arbres, la beauté du ciel pendant les nuits, l’aspect de la mer, tout à pour moi une charme, une force d’impression qui me rappelle une sensation tout à fait oubliée, ce que je sentais, à seize ans, à ma première campagne. Je vois que je ne puis rendre ma pensée: toutes les circonstances que j’emploie pour la peindre sont faibles. Toute la nature est ici plus touchante pour moi; elle me semble neuve; je ne vois plus rien de plat et d’insipide…En contemplant ces collines chargées d’arbres qui s’avancent jusque sur la ville, éclairées par cette lumière silencieuse au milieu de ce ciel étincelant, je tressaillais; les larmes me venait aux yeux. Il m’arrive de me dire, à propos de rien:

Mon Dieu! Que j’ai bien fait de venir en Italie!”

Urbin, le 25 mai 1817

Singulière vivacité des habitants de cette petite ville de montagne; grands monuments dont elle est remplie. Elle eut un prince, le duc Guidobaldo, le rival des Médicis.

Le bon ton consiste assez, en France, à rappeler sans cesse, d’une manière naturelle en apparence, que l’on ne daigne prendre intérêt à rien. Les pauvres Italiens sont bien loin de songer aux jouissances de vanité; au milieu de l’absence de toute loi et de toute justice (on parle de ce qui existait autrefois) ils cherchèrent celles de la sûreté. Est-ce leur faute s’ils sont féroces? Si, sous des gouvernements, souvent cruels, parce qu’ils ont toujours peur, et si faibles qu’ils n’ont de force que par l’astuce, ils n’étaient pas féroces, ils seraient détruits, si ce n’est par le pacha, par le sous-pacha, ou par le sous-pacha, ou par le cadi.

Vie de Rossini (1824)

Pesaro s’élève au milieu des collines couvertes de bois, et les bois s’étendent précisément jusqu’au rivage de la mer. Rien de désolé, rien de stérile, rien de brûlé par le vent de la mer. Les rivages de la Méditerranée, et en particulier ceux du golfe de Venise, n’ont rien de l’aspect sauvage et sombre que les vagues immenses et les vents puissants de l’Océan donnent à ses bords. Là, comme sur la frontière d’un grand empire despotiques, tout est pouvoir irrésistible et désolation; tout est la douce volupté et beauté touchante vers les rives ombragées de la Méditerranée. On reconnaît sans peine le berceau de la civilisation du monde. C’est la que, il y à quarante siècles, les hommes s’avisèrent qu’il y avait du plaisir à cesser d’être féroces. La douce volupté les civilisa; ils reconnurent qu’aimer valait mieux que tuer. C’est encore l’erreur de la pauvre Italie, c’est pour cela qu’elle fut tant de fois conquise et malheureuse. Ah! Si le bon Dieu en avait fait une île. Son état politique n’est point à envier; toutefois, c’est de l’ensemble de sa civilisation que nous avons vu sortir, depuis quelques siècles, tous les grands hommes qui ont fait le plaisir du monde. Depuis Raphaël jusqu’à Canova, depuis Pergolèse jusqu’à Rossini et Viganò, tous les hommes de génie destinés à charmer l’univers par les beaux-arts, sont nés au pays où l’on aime…

La Romagne, qui donna le jour à Rossini, est au nombres des contrées les plus sauvages et les plus féroces de toute la péninsule.”

..

Le 29 Février 1792, Joaquim Rossini naquit à Pesaro…

Le père de Rossini était un pauvre joueur de cor de troisième ordre, de ces symphonistes ambulants qui, pour vivre, courent les foires de Sinigaglia, de Fermo, de Forli et autres petites villes de la Romagne ou voisines de la Romagne. Ils vont faire partie des petits orchestres impromptus qu’on réunit pour l’opéra de la foire. Sa mère, qui a été une beauté, était une seconda donna passable. Ils allaient de ville en ville et de troupe en troupe, le mari jouant dans l’orchestre, la femme chantant sur la scène; pauvres par conséquent… On vit pour rien à Pesaro, et cette famille, quoique subsistant sur une industrie bien incertaine n’était pas triste, et surtout ne s’inquiétait guère de l’avenir.

En 1799, les parents de Rossini l’amenèrent de Pesaro à Bologne; mais il ne commença à étudier la musique qu’à l’âge de douze ans, en 1804; son maître fut D. Angelo Tesei. Au bout de quelques mois, le jeune Rossini gagnait déjà quelques paoli en allant chanter dans les églises.Dès l’année 1806, il était en état de chanter, quelque morceau de musique que ce fut…sa jolie figure faisait penser à en faire un ténor… Quand les parents de Rossini n’avaient point d’engagements, ils revenaient habiter leur pauvre petite maison à Pesaro. Quelques amateurs riches de cette ville, je crois de la famille Perticari, prirent le jeune Rossini sous leur protection…